Nicolas de Cues, La Chasse de la sagesse et autres oeuvres de philosophie tardive (édition et traduction Jocelyne Sfez), Paris, Les Belles Lettres, « Sagesses médiévales », 2017.

, par Valérie Marchand

 Ce volume comporte un ensemble cohérent et très largement annoté de textes de la philosophie tardive du Cusain : Le Dialogue à trois sur le pouvoir-est, La Chasse de la sagesse, Le Compendium et La Cime de la contemplation.
Avec l’invention du néologisme pouvoir-est, Nicolas de Cues (1401-1464) développe une philosophie du pouvoir et de la puissance qui lui permet de résoudre, tant d’un point de vue ontologique que gnoséologique, les difficultés nées de ses thèses inifinitistes antérieures. Il cherche à éviter l’aporie aristotélicienne entre l’infinité du possible, requise par la toute puissance de Dieu, et l’actualité finie de la création. La puissance divine se révèle successivement comme pouvoir-est, pouvoir-faire et pouvoir-même. Nicolas de Cues initie ainsi une métaphysique de l’expression qui trouve son plein essor chez Giordano Bruno qui le copie abondamment, puis chez Spinoza et Leibniz.
Rédigée à la lecture de Diogène Laërce, La Chasse de la sagesse, véritable testament philosophique, permet en outre de ressaisir l’ensemble des principales intentions du Cusain : sa conception augustinienne de la philosophie comme recherche et théorie de l’unité, sa doctrine de la participation à l’un, le dernier développement de son principe de la coïncidence des opposés, un dernier fléchissement de sa pensée de l’intellect, et sa compréhension de la nomination.
Les deux autres textes reprennent l’interrogation métaphysique du point de vue gnoséologique.

 La traductrice, Jocelyne Sfez, enseigne comme TZR dans l’Académie de Versailles. Elle a aussi publié L’Art des conjectures de Nicolas de Cues (Beauchesne, 2012) et une traduction de Nicolas de Cues, Les Conjectures (Beauchesne, 2011).

Voir en ligne : Emission France Culture

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