Le bal des philosophes - action n°2 et annonce des actions n° 3 et 4.

, par Valérie Marchand

Projet conduit par Laurent Cherlonneix et Corinne Chambard et porté par la Compagnie "Le Bal des Philosophes". L’action n°2 du Bal des Philosophes a eu lieu le vendredi 7 juin au Lycée du Parc de Vilgénis à Massy. Les actions 3 et 4 auront lieu le 18 octobre 2019 et le 17 janvier 2020.

L’idée

Le bal des philosophes met les philosophes en mouvement.
Le propos n’est pas de traduire des philosophies en mouvements mais plutôt de laisser apparaître le caractère corporel de la philosophie. De mettre en lumière des mouvements de pensée.
Il s’agit concrètement de suggérer l’unité profonde du souffle (de la respiration), du mouvement, de la voix.
À l’ère du numérique où la pensée semble pouvoir être toujours plus déléguée aux machines, Le Bal des philosophes suggère que le corps demeure l’épicentre de la pensée et apporte d’autres ressources : n’est-ce pas parce qu’il est sensible que l’être humain cherche à faire contact avec lui- même, les autres vivants et le monde ?

Le projet

Ce spectacle multimédia mêle danse, théâtre, vidéo, son, musique, décors/lumière. Il privilégie la fabrication directe du son, des mouvements et des images pour mettre les spectateurs au contact d’une alchimie d’ingrédients vivants sous forme de sept tableaux.

Les enjeux de la danse

La singularité de ce projet est d’assumer la diversité de sept points de vue liés à sept philosophies. L’écriture de la danse est en écho à chacune de ces personnalités philosophiques. Cette variation de style relève le défi d’expérimenter comment auraient dansé Héraclite, Platon, Descartes... Il s’agit de trouver un mouvement et un état du corps hégélien, nietzschéen, merleau-pontyen...
 Nourritures chorégraphiques
Différentes approches de la danse contemporaine sont mises en œuvre : une danse fluide à même le sol où le corps est comme des vagues, le haka des Maoris puis du Rugby inspire un duel, le corps- machine et l’art de l’escrime génèrent des mouvements d’arpentage du sol puis des mouvements de découpe, de plus en plus dramatiques, de tout l’espace, des moments de dialogues, de tension, de crise, invitent à penser que le mouvement de la philosophie ne peut se passer d’une incarnation des contradictions. Quatre danseuses apportent des déplacements à l’unisson, tantôt en duo au bord de la danse-théâtre, tantôt dans une transe, tantôt par la danse contact par des rollings en résonance avec le Feldenkrais, évoquant l’expérience phénoménologique du monde par "la chair" au sens de Merleau-Ponty.
 La voix
L’investissement de la voix des danseuses tout au long de la pièce marque l’importance du verbe et la manière dont il s’origine dans le corps. Certains mots viennent habiter l’espace au même titre que le souffle ou que les sons produits par les instruments de musique. Le rire, le cri s’ajoutent aux approches plus conceptuelles parce qu’il vient du ventre. Il rappelle que toute pensée reste une manifestation de vitalité.
 Les performances féminines
Le choix majoritaire de danseuses marque la volonté d’incarner la philosophie dans différents corps féminins pour en finir avec une domination masculine dans toute l’histoire de la pensée.
 La lumière
Certaines pages de philosophie ont inspiré quelques passages du spectacle, en particulier en ce qui concerne les lumières et le regard. Un travail particulier, en collaboration avec Alain Morel, permet de donner toute sa place à la mise en lumière des corps qui est une mise en lumière de la pensée. La lumière est dans la philosophie occidentale omniprésente dans la mesure où, depuis Platon, elle se confond avec la vérité, l’intelligence et la clarté de l’esprit. La lumière est la nourriture de l’œil qui ne l’accueille pas seulement mais qui la produit aussi. Ainsi la figure de plusieurs soleils, que Platon compare à un œil, est omniprésente.
 Vidéo
La danse est accompagnée par intermittence de quelques projections vidéo qui apportent des éléments premiers : terre, eau, forêt, soleil, œil qui constituent une matière poétique extérieure à la scène mais fabriquée, le plus possible, en live et à l’unisson des danseuses.
 L’enfance
La danse est accompagnée de manière constante par un enfant (lui-même formé à la danse depuis plusieurs années). C’est une richesse supplémentaire de faire se rencontrer les corps adultes des danseuses et celui de l’enfant qui viennent se compléter dans des dynamiques contrastées ou communes. Le travail sur les échelles, la dimension d’un petit corps et de grands corps, le travail sur les transferts d’autorité (l’enfant étant investi d’une autorité particulière, à contre-courant des usages où l’adulte est socialement dominant), se complètent d’une symbolique où la figure de l’enfant fait sens pour de nombreux philosophes : l’enfant est le temps qui pousse les pions pour Héraclite, la pureté du regard de l’enfant qui se mêle aux idées et se nourrit d’elles pour Platon, l’enfance comme maturité de l’homme dans l’horizon nietzschéen.
 La musique
La musique est composée par Philippe Démier selon la diversité des tableaux : avec le souffle des danseuses recueillies en studio puis mixé à leurs voix, avec des musiciens sur scène (hand pan, guitare électrique), et à l’aide de la musique électro-acoustique. La diversité des approches sonores ouvre différentes qualités de temporalité : la fluidité du fleuve héraclitéen exprimée par l’augmentation sonore des souffles, le suspens de la danse des idées platoniciennes, le présent de la crise intérieure à l’âme platonicienne, l’ostinato rythmé de la mécanique cartésienne qui arpente puis découpe l’espace, une musique processuelle accompagnant la construction dialectique d’un mouvement hégélien, la transe collective à laquelle s’objectent puis finissent pas se mêler différents rires associés aux sons rèches d’une flûte solitaire...
 Mouvements de pensée
L’intention créative est d’aborder la pensée abstraite et la concentration intellectuelle en général comme ayant leur site dans le corps. Faire sentir que la perception prépare des mouvements, des actions. Les mouvements, l’action restent l’enjeu de fond dans le domaine de la connaissance contrairement à l’idée que les concepts philosophiques seraient abstraits. Nous nous retrouvons ici comme dans une mémoire préhistorique, au sein d’une pensée matinale d’avant le livre et d’avant les grands récits. La pensée habite pleinement nos poumons, nos jambes, nos bras, nos dos, nos yeux. Elle ne se fige pas dans des abstractions parfois difficilement abordables par tout public.

Les tableaux

Pour accéder à la liste des tableaux , consultez le flyer de présentation du projet.

Quelques photos de la représentation du 7 juin

- Platon : l’œil

1 Le duel de la vulgaire et de la colérique : la crise a d’abord lieu à distance, ensuite elles se rapprochent et puis la colère explose

2 Sous l’œil de l’enfant-maître, les duellistes sont devenues des prisonnières

3 Derrière le rideau de lumière, la danse des idées, la danse des volumes, l’amour des idées

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

- Descartes : la forêt

1 Au début elle est perdue dans une forêt

2 Puis elle se met à arpenter et mesurer le sol avec ses deux partenaires

3 Elles se dispersent et la mesure du sol devient la découpe de tout l’espace

4 Quelqu’un les interrompt en courant, il porte une lanterne éclairée

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

©Yvan Pousset

L’équipe pour l’ensemble des tableaux

Laurent Cherlonneix, responsable du projet
Corinne Chambard, co-responsable du projet, conseillère artistique, plasticienne
Alain Morel, concepteur lumière
Yéhoudit Cohen, danseuse, assistante à la chorégraphie
Sari Laakso, danseuse, costumière
Luisella Avvinti, danseuse
Philippe Démier, compositeur, illustrateur sonore
Yvan Pousset, vidéaste, photographe
Hugo Démier, guitariste, assistant à la composition musicale
Thomas Mainguy, conseiller en escrime et en arts martiaux, danseur
Erik Franck Guerittot, régisseur son et vidéo, photographe
Aurélie Besnier, chargée de communication
Cécile Montarou, danseuse
Marina Taurus, graphiste
Sophie Giorgetti, graphiste
Anastasia Ozoline, conseillère pour les costumes
Emmanuel Neiman, conseiller pour le jeu d’échecs, comédien
Stéphanie Ménasé, conseillère pour la technique Feldenkrais
Amélie Boutes, administratrice de production
... et les enfants Sara Chafik et Léonard Cherlonneix

Lien vers l’article, la vidéo et les photos de l’action n°1

Annonce des actions n°3 et n°4

 Action n°3 : Hegel : la tornade et Nietzsche : l’éclair, Lycée du Parc de Vilgénis en salle de conférence le vendredi 18 octobre 2019 en salle de conférence de 14 à 16h

 Action n°4  : Merleau-Ponty : la chair et Simondon : le cristal le vendredi 17 janvier 2020 au même endroit à la même heure 14 à 16h.
Lien vers l’affiche de présentation du spectacle

Contact :

laurentcherlonneix@hotmail.com

Voir en ligne : Le bal des philosophes, flyer actualisé de présentation du projet

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