AXE 3 : Les représentations du monde à l’épreuve des Humanités Numériques

, par Valérie Marchand

TraAM Versailles 2020-2022 / Scénario conçu par Vincent Laquais, professeur de philosophie

Public : élèves de première en spécialité HLP (Semestre 2)

Durée : tout au long du semestre

Tâche à effectuer : établir, conjointement avec le professeur de lettres, une anthologie de récit d’exploration et de voyage avec iconographie.

Séquence 1 : Réflexion sur les représentations du monde à partir de la cartographie.

Problématique : En quoi les cartes expriment-elles mais aussi génèrent-elles une certaine représentation du monde ?

1- Travail en classe à partir d’un diaporama présentant un certain nombres de cartes de l’antiquité à l’époque contemporaine.
2- Reportage sur les techniques de cartographie - Lumni vidéo à déposer.

Réflexions sur la célèbre formule d’Alfred Korzybski : « la carte n’est pas le territoire » (Voir les analyses de Deleuze et Guattari in Mille plateaux, Paris, Les éditions de Minuit, 1980. )

Séquence 2 : Prolongement de la problématique de la séquence 1 / Expérimentation par les élèves :

Analyse des différentes projection cartographique, notamment la projection de mercaor.
Travail sur les cartes en anamorphose.
Construction de cartes à partir de Scapetoad.
Il s’agira aussi de s’interroger sur le discours qui accompagne chaque type de cartographique, mais aussi comme les cartes oriente, voire empêche un discours sur le monde.

Séquence 3 - Etape 1

Exploration numérique du monde :
Les élèves travaillent seuls et selon une chronologie précise. Ils exploreront la région ou le pays de leur choix en consultant successivement et dans l’ordre :
1- Une encyclopédie en ligne : Wikipédia, etc. ;
2- Des sites institutionnels : sites ministériels (Culture, Tourisme, Affaires étrangères…), d’ambassade, etc. ;
3- Des sites d’informations touristiques « officiels » : Office de tourisme, presse spécialisée, etc. ;
4- Des réseaux sociaux, forums : Twitter, Instagram, Youtube, etc. ;
5- Les avis de voyageurs : Tripadvisor, Linternaute, etc.

Séquence 3 -Etape 2

Cette exploration donne lieu à la rédaction d’un récit d’exploration selon toutes les modalités qu’offre le numérique : texte écrit, enregistrement audio, image, vidéo, etc. À partir de ces textes, nous nous livrons à une double analyse :
 Une analyse interne : chacun se questionne sur les choix, conscients ou non, qui ont présidé à l’exploration : pourquoi avoir consulté le site du ministère de la Culture plutôt que celui du tourisme ou des Affaires étrangères ? En aucun cas, cette réflexion ne doit donner lieu à un quelconque jugement de valeur, mais elle est l’occasion de lier la question de la représentation du monde et celle de la recherche de soi que nous aborderons plus tard.
 Une comparaison entre les textes des élèves et les textes d’explorateurs. Avec le professeur de lettres, nous comparerons les récits des élèves avec les récits des grands explorateurs. Nous travaillerons sur les différents jeux de langage mis en œuvre dans ces récits en comparaison avec les jeux de langages utilisés par les élèves. Plusieurs questions se poseront :
o Est-ce que nous avons le même type d’information, de point d’attention ?
o La précision est-elle de même niveau ?
o Le volume d’informations est-il comparable ?
o Les jeux de langage sont-ils similaires (exotique, mythologique…) ?
o Les effets de langage sont-ils les mêmes ?
o Le récit est-il seulement linguistique ? Quelle est la place des dessins, croquis, cartes… par rapport à un récit multimédia ?
o Les trois V du big data (Variété, Volume, Vélocité) sont-ils une chance ou un écueil à l’exploration du monde ?
o …
En d’autres termes, la question sera de savoir si nous produisons des récits du monde comparable ou non aux récits de la renaissance et des siècles qui ont suivi.

Séquence 4

Réalisation collaborative d’un livre numérique multimédia (texte, image, son et vidéo), voire augmenté par un système de QR-code, qui récoltera les récits du monde et permettra de s’interroger sur la représentation du monde comme lieu possible d’une recherche de soi.

Ouverture

Nous tenterons d’établir un lien entre la question des représentations du monde et la question de la recherche de soi qui ouvre le programme de terminale. Dans Temps et Récit, Paul Ricœur s’interroge sur les détours que le sujet doit entreprendre pour revenir à soi. Il soutiendra que l’identité personnelle se constitue au fil des narrations qu’elle produit et qu’elle intègre. Le récit serait une façon de lutter contre l’éparpillement de ses propres expériences. Nous essaierons donc de nous demander si les récits d’exploration ne sont pas aussi, dans une certaine mesure, des récits de soi. Nous pourrons aussi esquisser la question de l’identité numérique pour établir un pont avec certains textes que les élèves auront à lire et qui touche à la question de l’intimité et de l’extimité.

Compétences numériques travaillées

1- Domaine « Informations et données »  :
a. Mener une recherche ou une veille d’information : niveaux 1 à 5 ;
b. Gérer des données : Niveaux 1 à 4 ;
c. Traiter des données : Niveau 1.
2- Domaine « Communication et Collaboration »  :
a. Interagir : niveaux 1 à 5 ;
b. Partager et publier : niveaux 1 à 5 ;
c. Collaborer : niveaux 1 à 5 ;
d. S’insérer dans un monde numérique : niveau 3.
3- Domaine « Création de contenu » :
a. Développer des documents à contenu majoritairement textuel : niveaux 1 à 5 ;
b. Développer des documents visuels et sonores : niveaux 1 à 5 ;
c. Adapter les documents à leur finalité : niveaux 1 à 5.
4- Domaine « Environnement numérique »
a. Évoluer dans un environnement numérique : niveaux 1 à 5.

De HLP à HN

é créés à l’École des Chartres, l’ENS Lyon, dans un certain nombre d’universités de sciences humaines, dans des écoles spécialisées (École Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, mais aussi des écoles qui délivrent des diplômes d’ingénieur comme le CNAM. Une initiation, fût-elle sommaire, aux Humanités Numériques peut être l’occasion de remettre en cause la frontière encore trop souvent étanche entre les disciplines scientifiques et les humanités. Or, cette frontière est beaucoup plus poreuse dans l’enseignement supérieur et dans la vie active qu’elle ne l’est dans l’enseignement secondaire. Les philosophes, les archéologues, les linguistes font appel à l’informatique, aux mathématiques, à la physique… et parfois s’interrogent sur ces sciences. La réforme du lycée général a le mérite de permettre l’émergence de profils moins stéréotypés que ceux que nous connaissions dans les séries L, ES et S. Ce projet cherche à s’inscrire dans cette dynamique.

Le numérique peut être au service de la pédagogie, mais aussi des disciplines. Ce projet sera véritablement abouti s’il permet aux élèves non seulement de mieux comprendre les problématiques de cet enseignement de spécialité, mais aussi, et surtout, s’il fait émerger de nouveaux objets d’investigation philosophique et littéraire, une nouvelle perspective sur ces questions, un nouvel horizon du pensable. Si le numérique peut être au service de la formulation ou de la compréhension d’une problématisation, elle peut aussi l’innerver. C’est ainsi que le numérique devient producteur de sens.

Prezzi du projet

Cliquer sur l’image pour accéder à la présentation PREZZI du projet

Difficultés rencontrées :

  la création du livre numérique. Il faut trouver un autre éditeur de livre numérique, celui que j’ai essayé d’employer est plus adapté pour le primaire.
 ScapeToad n’est pas si simple à manipuler avec les élèves. Je me suis contenté de leur présenter des cartes en anamorphose déjà réalisées et nous les avons commentées.

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